La réalité virtuelle est, en quelque sorte, le nouveau visage d'activités jugées plus artistiques telles que : la peinture, le dessin, la photographie, le cinéma... En revanche, il est clair qu'avec les technologies récentes, cette réalité virtuelle moderne a su prendre de l'expansion et augmenter considérablement son pouvoir d'influence.
Les supports d'immersion sont multiples : ordinateur, téléphone, télévision, casque VR... et ils offrent d'innombrables possibilités de rêveries, d'inventions et d'illusions. Bien que la créativité peut trouver de quoi s'exprimer aisément au travers de ces nouvelles technologies, il est des cas où l'utilisateur crée une véritable dépendance à ces mondes virtuels et peine à s'en détacher.
C'est ainsi que la passion vire à l'addiction, au même titre que l'on pourrait parler de dépendance à des substances !... L'utilisateur peut ainsi avoir des attitudes compulsives et sembler "branché" en permanence.
L'adolescence est une période de transition qui nécessite la séparation d'avec le monde de l'enfance pour construire sa structure d'adulte en devenir. C'est dans ce contexte de grands changements, où corps et psyché (cf : "le complexe du homard" de Dolto) sont fortement sollicités, que l’on peut observer un investissement important du monde virtuel, généralement des jeux vidéos. Le virtuel devient un objet de transition (une "béquille") au moment où l'adolescent doit symboliquement lâcher la main des adultes qui l'accompagnaient jusque-là.
La virtualité est à la fois objet de transition et de compensation à l'angoisse du changement et aux responsabilités qui en découlent. L'incarnation d'un "avatar" dans un jeu vidéo peut donner une impression de fluidité et de légèreté corporelle au futur adulte, en proie à des modifications physiques qui lui échappent. Cet avatar peut également permettre d'explorer et d'expérimenter les relations sociales autrement. Le virtuel peut donc être au service de la construction de soi et de l'exploration des limites. Car des limites, ce futur adulte n'en manquent pas ! Des règles sociétales et éducatives, aux limites de son propre corps qui décide d'adopter des transformations pubertaires sur lesquelles l'adolescent n'exerce aucun contrôle, il y a de quoi se sentir angoissé...
En somme, dans un usage que nous pourrions qualifier de "normal", la virtualité peut être un outil de facilitation au passage à l'âge adulte en compensant l'angoisse que cela peut engendrer.
Là où la problématique se pose, c'est lorsque le monde réel vient à se confondre avec celui virtuel, en cela que l'adolescent devient littéralement "addict" aux écrans. Peut-être rejette-t-il totalement son corps, qu'il juge trop gros ou trop mince, et qu'il se réfugie au maximum derrière son "avatar" incarnant virtuellement son idéal du moi ? A moins qu'il souffre d'anxiété sociale et qu'il n'arrive à entrenir des relations satisfaisantes que dans la virtualité ?
Dans tous les cas, lorsque cette dernière ne relève plus de la simple envie mais du besoin quasi vital, c'est qu'il y a une souffrance latente qui demande à être calmée. Votre adolescent a visiblement trouvé cet univers virtuel pour l'y aider, ce qui représente un premier pas vers son autonomisation de futur adulte indépendant, mais il faut rester vigilant à ce que cela ne devienne pas pathologique et néfaste à son développement.
Vous n'avez plus aucun contrôle sur votre adolescent(e) ? Il/elle reste "branché(e)" à des heures déraisonnables et s'enferme exclusivement dans son monde ? Ses résultats scolaires sont en bernes et il/elle s'isole socialement ?
Il/elle est probablement confronté(e) à d'importants conflits d'ordre psychoémotionnel et il/elle tente d'y échapper (ou de s'y confronter indirectement) en fuyant dans la virtualité.
Un accompagnement psychothérapeutique pourrait l'aider à traverser cette période de grands changements en travaillant notamment sur l'image du corps, la confiance et l'estime de soi, et sa relation aux autres. Ainsi, la virtualité pourrait redevenir un plaisir et non plus une nécessité. Les massages de bien-être peuvent également être bénéfiques pour les adolescent(e)s souffrant d'un important rejet de leurs changements corporelles.